vendredi 12 mai 2017

J'ai écrit ça en 2014, n'ai jamais osé le publier parce que j'avais peur sans doute que des gens se reconnaissent, je le laisse tel quel, sans fin, j'ose aujourd'hui le dire, et la fréquence avec laquelle je vis cette situation m'incite à publier cette première rebellion et à continuer cette lutte.

Si une de ces filles que vous pensez avoir figer d'un regard, que vous connaissez dans votre fort intérieur, que vous sentez à fleur de peau et pourtant qui est elle ? Vous pensez le savoir mais vous ne connaissez rien d'elle, c'est par son corps qu'elle imprime une image dans votre esprit, vous la rangez dans un case, bien séquestré dans votre 3m², en sécurité dans votre cerveau, rien ne pourras la faire sortir, elle y est pour la vie, en tout cas la sienne, la votre est au centre de votre regard, vous calculez tout selon lui, selon votre certitude de ce que vous êtes, votre réconfort dans l'idée d'être unique, imperceptible, pourtant vous êtes comme elle, figée, étant persuadé d'avoir atteint votre absolu, la fin de votre évolution, votre perfection. Vous

Compétences

Je ne me sens compétente dans aucune langue à part le français. Et pourtant je peux tenir une conversation sur tous sujets dans deux autres langues mais non, je ne m’estime pas compétente, le bilinguisme me semble impossible, un fantasme inatteignable. Quelle désillusion, c'est désespérant, j'aurais voulu pouvoir m'exprimer dans tellement plus de langues, apprendre toujours plus de mots, communiquer avec plus de monde. Mais je butte, je stagne, je ne progresse plus, je ne pense pas être à un niveau de palier, je pense juste que ce n'est pas donné à tout le monde. J'ai forcé le destin peut être, je ne sais pas, mon niveau de communication me permet d'entretenir des relations mais de là à forger des amitiés aussi profondes que celles que je peux avoir avec des français, non. Et c'est tellement frustrant ces barrières qu'on ne surmonte pas, ces murs qui restent bien établis, quand je veux élargir mon horizon au pied de biche, je me retrouve face à un mur en béton armé, blindé à l'adamantium.
J'arrive pour autant à avoir une relation en langue étrangère, il n'y a pas besoin de mots pour faire parler des corps et la curiosité de l'un à l'autre entretient une flammèche d'allumette qui n'a pas beaucoup de chance de tenir en Écosse avec tout ce vent et cette pluie.
Je ne sais pas si beaucoup de monde vit cette limite, celle de son cerveau, de ses capacités. La plupart du temps le problème est écarté par un désintéressement, les maths, la littérature, la bio et j'en passe, ces matières qu'on décide plus ou moins volontairement de lâcher. On nous apprend assez vite à cloisonner les matières, les branches, à se spécialiser, à oublier le reste. Peut être qu'une des raisons et de nous protéger de ce moment fatidique où on arrive à la fin de ce qu'on peut faire. Chaque pas en avant sera comme s'il était fait dans les neiges de l’Everest sans oxygène mais un jour ça ne sera plus possible. Personne n'aime se savoir limiter, beaucoup jette de la poudre aux yeux, aux leurs comme à ceux des autres.
Peut-être aussi est-ce que je cherche trop. Je veux apprendre plus de mots pour exprimer plus de choses, essayer de mettre le doigt sur ce qui m'est important, forcer le discours quand lui est encore plus limité que moi. Une autre langue ne m'aidera pas à dire l'amour que je ressens pour mes amis, le soulagement de voir ma famille, la tristesse des moments durs, et l'angoisse de l'existence. Aucun mot ne saurait décrire ça, aucun dessin, rien, nous sommes tous renvoyés à notre solitude quand on essaye d'exprimer quelque chose que l'on ressent dans son corps et ce dernier s'exprime sans cesse si bien qu'on arrive nous même pas à le déchiffrer. C'est bien la vanité des hommes de se croire infini, de vouloir tout contrôler, le contrôle passant par des mots qui deviennent des ordres mais qui ont dans ce monde autant de valeur qu'un trou dans une chaussette.

jeudi 4 mai 2017

Je me suis relue hier soir

J'ai relu quelques articles que j'avais écrit hier soir et je me demandais où cette personne était partie. Même avec sept ans d'écart, je tire une certaine fierté des effusions lyriques que je pouvais avoir, de cette liberté de penser, d'écrire vite, de vivre pleinement le moment et je me suis rappelée ce sentiment de plénitude une fois un article fini. Je me suis demandée ce qu'il s'était passé, qu'est-ce qui a fait que j'ai arrêté d'écrire, et que les seuls écrits que je produits encore sont purement informatifs pour moi, pour être sûre de ne pas oublier. L'écriture me faisait ressentir tellement de choses, m'en faisait découvrir ici et puis plus rien, un silence. Je ne pense pas que ça soit une question d'inspiration mais plus une question d'autorisation. C'était important pour moi de publier, c'était une aventure folle, j'étais lue, j'existais pour un moment avec mon lecteur, j'étais une présence. Et aujourd'hui c'est tout l'inverse, je me complais à vivre cachée mais peut être pas tant que ça puisque je suis revenue et que publier m'a manqué.
Je pense qu'une raison de mon abandon est le fait que je me suis interdite toute forme d'opinion pendant un moment, une auto-censure sévère et impitoyable qui tuait dans l'oeuf toutes idées qui pouvaient germer de peur qu'elles m'appartiennent vraiment mais qu'elles soient inconvenantes. Mais à quoi alors, à quoi voulais-je convenir ? Et c'est là que ça a fini par me rattraper, les études m'ont grandi, montré bien des choses que je n'aurais jamais vu, m'ont appris à m'exprimer mais aussi et surtout à me taire. Aucune pensée m'appartenant ne pouvait être légitime. J'ai aussi appris ce mot, légitime, c'est une malédiction qui entraine ceux qui en sont atteints dans des spirales infernales. Cette douce époque où cette notion n'existait pas en moi, celle où j'étais bien plus libre, et Dieu sait mais surtout mes parents et mes amis que j'ai une besoin viscéral de liberté, que je suis toujours en quête pour une avoir plus. Et cette quête m'a amenée à Edimbourg. Incroyable retournement de situation pour quelqu'un qui a étudié 8 ans durant l'allemand. Maintenant que je suis loin physiquement de tout ce qui m'expliquait ce que et surtout comment je devais penser, je me rappelle quand je percevais ça comme un moteur, mais l'était-ce vraiment ? Je ne pense pas, j'ai appris que ma voix n'était pas la mienne mais devait être chargée d'histoires que je n'avais pas écrites.
Et maintenant je veux retrouver ma voix, mais je vois bien aujourd'hui que l'élan n'est plus là, j'ai perdu le beau et n'arrive plus à sortir de l'informatif. Les sciences de la communication m'auront finalement appris qu'il faut se taire. Quel paradoxe. Je n'ai pas su tirer mon épingle de tout ce fatras, je n'ai pas su me lever dans la foule, je n'ai peut être pas su comprendre ce qu'on m'enseignait.
Je veux retrouver ce que j'appelle le beau, cet élan, et surtout cette liberté, me laisser emporter encore une fois, ne pas avoir peur, ne pas me relire dans l'angoisse, juste parler et vivre et que je sois lue ou pas, quelle importance, j'existe pleinement dans ce moment qui sera démultiplier dans tous ces serveurs aux quatre coins du monde, ce texte ne m'appartient déjà plus, il nourrit l'amas informe d'internet mais il est là et ça me plait.