jeudi 4 mai 2017

Je me suis relue hier soir

J'ai relu quelques articles que j'avais écrit hier soir et je me demandais où cette personne était partie. Même avec sept ans d'écart, je tire une certaine fierté des effusions lyriques que je pouvais avoir, de cette liberté de penser, d'écrire vite, de vivre pleinement le moment et je me suis rappelée ce sentiment de plénitude une fois un article fini. Je me suis demandée ce qu'il s'était passé, qu'est-ce qui a fait que j'ai arrêté d'écrire, et que les seuls écrits que je produits encore sont purement informatifs pour moi, pour être sûre de ne pas oublier. L'écriture me faisait ressentir tellement de choses, m'en faisait découvrir ici et puis plus rien, un silence. Je ne pense pas que ça soit une question d'inspiration mais plus une question d'autorisation. C'était important pour moi de publier, c'était une aventure folle, j'étais lue, j'existais pour un moment avec mon lecteur, j'étais une présence. Et aujourd'hui c'est tout l'inverse, je me complais à vivre cachée mais peut être pas tant que ça puisque je suis revenue et que publier m'a manqué.
Je pense qu'une raison de mon abandon est le fait que je me suis interdite toute forme d'opinion pendant un moment, une auto-censure sévère et impitoyable qui tuait dans l'oeuf toutes idées qui pouvaient germer de peur qu'elles m'appartiennent vraiment mais qu'elles soient inconvenantes. Mais à quoi alors, à quoi voulais-je convenir ? Et c'est là que ça a fini par me rattraper, les études m'ont grandi, montré bien des choses que je n'aurais jamais vu, m'ont appris à m'exprimer mais aussi et surtout à me taire. Aucune pensée m'appartenant ne pouvait être légitime. J'ai aussi appris ce mot, légitime, c'est une malédiction qui entraine ceux qui en sont atteints dans des spirales infernales. Cette douce époque où cette notion n'existait pas en moi, celle où j'étais bien plus libre, et Dieu sait mais surtout mes parents et mes amis que j'ai une besoin viscéral de liberté, que je suis toujours en quête pour une avoir plus. Et cette quête m'a amenée à Edimbourg. Incroyable retournement de situation pour quelqu'un qui a étudié 8 ans durant l'allemand. Maintenant que je suis loin physiquement de tout ce qui m'expliquait ce que et surtout comment je devais penser, je me rappelle quand je percevais ça comme un moteur, mais l'était-ce vraiment ? Je ne pense pas, j'ai appris que ma voix n'était pas la mienne mais devait être chargée d'histoires que je n'avais pas écrites.
Et maintenant je veux retrouver ma voix, mais je vois bien aujourd'hui que l'élan n'est plus là, j'ai perdu le beau et n'arrive plus à sortir de l'informatif. Les sciences de la communication m'auront finalement appris qu'il faut se taire. Quel paradoxe. Je n'ai pas su tirer mon épingle de tout ce fatras, je n'ai pas su me lever dans la foule, je n'ai peut être pas su comprendre ce qu'on m'enseignait.
Je veux retrouver ce que j'appelle le beau, cet élan, et surtout cette liberté, me laisser emporter encore une fois, ne pas avoir peur, ne pas me relire dans l'angoisse, juste parler et vivre et que je sois lue ou pas, quelle importance, j'existe pleinement dans ce moment qui sera démultiplier dans tous ces serveurs aux quatre coins du monde, ce texte ne m'appartient déjà plus, il nourrit l'amas informe d'internet mais il est là et ça me plait. 

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