lundi 18 décembre 2017

Retour au pays

Il aura finalement fallu attendre le retour d'Ecosse pour parfaitement me sentir apatride. L'Allemagne m'avait fait prendre du recul sur les choses, l'Ecosse m'a rendu étrangère. Et moi qui courrait si vite pour arriver à ce but, être une parfaite étrangère, je n'avais peut être pas vu tous les aspects de la chose. Je voulais être étrangère dans le pays où j'habiterai, pas dans celui qui est censé être le mien. Quel sentiment bizarre de ne plus savoir comment s'exprimer dans sa langue, comment marche les relations humaines, qui être. J'ai évolué dans une bulle, au chaud dans mon semblant d'identité, et maintenant que je suis face à la réalité de ce que j'avais construit comme me définissant, me voilà prise au dépourvu. Je ne comprends plus, je ne parle plus la même langue. J'ai des ancres indéfectibles qui me réconfortent mais elles ne sont pas dans ma réalité physique. Et me voilà chaque jour à tenter de rentrer dans le moule, à bulldozer mes particularités qui ne sont plus adaptées. Qu'ai-je fait, mon aventure ne devait être que ça, une parenthèse, et finalement c'est devenu bien plus. Je ne regrette pourtant pas dans l'absolu les choix que j'ai fait, je n'avais juste pas compris à quel point ça m'éloignerait de mes autres les plus proches que je considérais comme des bouts de moi-même et maintenant c'est moi qui suis une autre.
Haut les coeurs, tout ira bien, ce n'est peut être qu'un jet-lag, ce sera peut être la source de belles choses.

vendredi 12 mai 2017

J'ai écrit ça en 2014, n'ai jamais osé le publier parce que j'avais peur sans doute que des gens se reconnaissent, je le laisse tel quel, sans fin, j'ose aujourd'hui le dire, et la fréquence avec laquelle je vis cette situation m'incite à publier cette première rebellion et à continuer cette lutte.

Si une de ces filles que vous pensez avoir figer d'un regard, que vous connaissez dans votre fort intérieur, que vous sentez à fleur de peau et pourtant qui est elle ? Vous pensez le savoir mais vous ne connaissez rien d'elle, c'est par son corps qu'elle imprime une image dans votre esprit, vous la rangez dans un case, bien séquestré dans votre 3m², en sécurité dans votre cerveau, rien ne pourras la faire sortir, elle y est pour la vie, en tout cas la sienne, la votre est au centre de votre regard, vous calculez tout selon lui, selon votre certitude de ce que vous êtes, votre réconfort dans l'idée d'être unique, imperceptible, pourtant vous êtes comme elle, figée, étant persuadé d'avoir atteint votre absolu, la fin de votre évolution, votre perfection. Vous

Compétences

Je ne me sens compétente dans aucune langue à part le français. Et pourtant je peux tenir une conversation sur tous sujets dans deux autres langues mais non, je ne m’estime pas compétente, le bilinguisme me semble impossible, un fantasme inatteignable. Quelle désillusion, c'est désespérant, j'aurais voulu pouvoir m'exprimer dans tellement plus de langues, apprendre toujours plus de mots, communiquer avec plus de monde. Mais je butte, je stagne, je ne progresse plus, je ne pense pas être à un niveau de palier, je pense juste que ce n'est pas donné à tout le monde. J'ai forcé le destin peut être, je ne sais pas, mon niveau de communication me permet d'entretenir des relations mais de là à forger des amitiés aussi profondes que celles que je peux avoir avec des français, non. Et c'est tellement frustrant ces barrières qu'on ne surmonte pas, ces murs qui restent bien établis, quand je veux élargir mon horizon au pied de biche, je me retrouve face à un mur en béton armé, blindé à l'adamantium.
J'arrive pour autant à avoir une relation en langue étrangère, il n'y a pas besoin de mots pour faire parler des corps et la curiosité de l'un à l'autre entretient une flammèche d'allumette qui n'a pas beaucoup de chance de tenir en Écosse avec tout ce vent et cette pluie.
Je ne sais pas si beaucoup de monde vit cette limite, celle de son cerveau, de ses capacités. La plupart du temps le problème est écarté par un désintéressement, les maths, la littérature, la bio et j'en passe, ces matières qu'on décide plus ou moins volontairement de lâcher. On nous apprend assez vite à cloisonner les matières, les branches, à se spécialiser, à oublier le reste. Peut être qu'une des raisons et de nous protéger de ce moment fatidique où on arrive à la fin de ce qu'on peut faire. Chaque pas en avant sera comme s'il était fait dans les neiges de l’Everest sans oxygène mais un jour ça ne sera plus possible. Personne n'aime se savoir limiter, beaucoup jette de la poudre aux yeux, aux leurs comme à ceux des autres.
Peut-être aussi est-ce que je cherche trop. Je veux apprendre plus de mots pour exprimer plus de choses, essayer de mettre le doigt sur ce qui m'est important, forcer le discours quand lui est encore plus limité que moi. Une autre langue ne m'aidera pas à dire l'amour que je ressens pour mes amis, le soulagement de voir ma famille, la tristesse des moments durs, et l'angoisse de l'existence. Aucun mot ne saurait décrire ça, aucun dessin, rien, nous sommes tous renvoyés à notre solitude quand on essaye d'exprimer quelque chose que l'on ressent dans son corps et ce dernier s'exprime sans cesse si bien qu'on arrive nous même pas à le déchiffrer. C'est bien la vanité des hommes de se croire infini, de vouloir tout contrôler, le contrôle passant par des mots qui deviennent des ordres mais qui ont dans ce monde autant de valeur qu'un trou dans une chaussette.

jeudi 4 mai 2017

Je me suis relue hier soir

J'ai relu quelques articles que j'avais écrit hier soir et je me demandais où cette personne était partie. Même avec sept ans d'écart, je tire une certaine fierté des effusions lyriques que je pouvais avoir, de cette liberté de penser, d'écrire vite, de vivre pleinement le moment et je me suis rappelée ce sentiment de plénitude une fois un article fini. Je me suis demandée ce qu'il s'était passé, qu'est-ce qui a fait que j'ai arrêté d'écrire, et que les seuls écrits que je produits encore sont purement informatifs pour moi, pour être sûre de ne pas oublier. L'écriture me faisait ressentir tellement de choses, m'en faisait découvrir ici et puis plus rien, un silence. Je ne pense pas que ça soit une question d'inspiration mais plus une question d'autorisation. C'était important pour moi de publier, c'était une aventure folle, j'étais lue, j'existais pour un moment avec mon lecteur, j'étais une présence. Et aujourd'hui c'est tout l'inverse, je me complais à vivre cachée mais peut être pas tant que ça puisque je suis revenue et que publier m'a manqué.
Je pense qu'une raison de mon abandon est le fait que je me suis interdite toute forme d'opinion pendant un moment, une auto-censure sévère et impitoyable qui tuait dans l'oeuf toutes idées qui pouvaient germer de peur qu'elles m'appartiennent vraiment mais qu'elles soient inconvenantes. Mais à quoi alors, à quoi voulais-je convenir ? Et c'est là que ça a fini par me rattraper, les études m'ont grandi, montré bien des choses que je n'aurais jamais vu, m'ont appris à m'exprimer mais aussi et surtout à me taire. Aucune pensée m'appartenant ne pouvait être légitime. J'ai aussi appris ce mot, légitime, c'est une malédiction qui entraine ceux qui en sont atteints dans des spirales infernales. Cette douce époque où cette notion n'existait pas en moi, celle où j'étais bien plus libre, et Dieu sait mais surtout mes parents et mes amis que j'ai une besoin viscéral de liberté, que je suis toujours en quête pour une avoir plus. Et cette quête m'a amenée à Edimbourg. Incroyable retournement de situation pour quelqu'un qui a étudié 8 ans durant l'allemand. Maintenant que je suis loin physiquement de tout ce qui m'expliquait ce que et surtout comment je devais penser, je me rappelle quand je percevais ça comme un moteur, mais l'était-ce vraiment ? Je ne pense pas, j'ai appris que ma voix n'était pas la mienne mais devait être chargée d'histoires que je n'avais pas écrites.
Et maintenant je veux retrouver ma voix, mais je vois bien aujourd'hui que l'élan n'est plus là, j'ai perdu le beau et n'arrive plus à sortir de l'informatif. Les sciences de la communication m'auront finalement appris qu'il faut se taire. Quel paradoxe. Je n'ai pas su tirer mon épingle de tout ce fatras, je n'ai pas su me lever dans la foule, je n'ai peut être pas su comprendre ce qu'on m'enseignait.
Je veux retrouver ce que j'appelle le beau, cet élan, et surtout cette liberté, me laisser emporter encore une fois, ne pas avoir peur, ne pas me relire dans l'angoisse, juste parler et vivre et que je sois lue ou pas, quelle importance, j'existe pleinement dans ce moment qui sera démultiplier dans tous ces serveurs aux quatre coins du monde, ce texte ne m'appartient déjà plus, il nourrit l'amas informe d'internet mais il est là et ça me plait. 

samedi 13 septembre 2014

On s'y perd

Voilà plus de quatre ans que je n'ai pas écrit ici. Je suis maintenant à Lyon après avoir passé 3 ans en Allemagne. Je suis un peu perdue dans cette France que je ne reconnais pas très bien. Non pas qu'elle ai changé en trois ans mais c'est juste que l'on se créait une image idyllique de notre mère-patrie quand on est plus avec elle. Je voyais la France à travers l'Allemagne et je pensais que toutes les lacunes allemandes ne pouvaient pas avoir lieu en France. La verdure de l'herbe du pré, je sais, c'est un peu bête mais je crois que j'aurais préféré rester dans ce fantasme de ce qu'est la France. La réalité est bien plus sombre, pessimiste, déprimante. Je ne crois pas la France au fond de l'impasse, je la crois juste impossible de se retourner pour voir si ça irait pas mieux ailleurs. D'un autre côté parler de la France comme d'une entité abstraite et dire où elle doit aller, la bonne blague, la France n'est pas son président, ses parisiens, ses lyonnais, ses jeunes, ses vieux c'est l'ensemble qui n'en forme plus un. A se demander s'il y avait eu un ensemble un jour. Pourquoi le cour individualiste de la société est tant à combattre ? Bouger un groupe de dix personnes dans une même direction est difficile donc soixante millions c'est impossible. On peut être individualiste et travailler pour une part à l'effort commun, il faudrait que les gens aient moins peur, prennent leur décisions, se prennent en main, restent lucide et aident leurs voisins un minimum histoire qu'on finisse pas en battle royal. Notre jeunesse ne doit pas avoir si peur, la question n'est pas de savoir si on va s'en sortir mais de savoir où on veut réellement aller.

C'est symptomatique de ce qui a changé en moi, voilà quatre ans que j'ai pas écrit et je commence par de la politique. C'est parce que j'ai peur en vérité de revenir ici, les blogs sont dépassés pour moi et je ne vois pas ce qui pourrait intéresser la lecture de mes articles, je n'ai pas grand chose à raconter de palpitant mais j'ai pourtant quelques petites choses à dire encore, je ne veux pas que ma voix s'éteigne dans une passivité finie et abyssale, j'ai l'impression que ce blog pourrait être une étincelle qui me permettrait de me sentir impliquée. Essayons, nous verrons bien. Bientôt spécialiste en communication, il va falloir apprendre à communiquer.

mardi 25 mai 2010

trois petits mots

Grand retour de Brassens dans mes oreilles, ça fasait tellement longtemps et pourtant le vrai magicien des mots c'est bien lui, il peut faire pleurer en une rime et vous faire rire au moindre jeu de mot. Ça fait bien longtemps qu'on a pas vu quelqu'un de sa trempe. Certains diront qu'il est sale, qu'il est mauvais, qu'il est inintéressant, qu'il appartient à un autre siècle, qu'il chante mal, que ses paroles sont vides, ces gens là ne savent pas apprécier de vraies paroles, ou ne savent pas écouter. Oui, j'adore Brassens, je l'assume, je le crie sur tout les toits, c'est un génie, et pas un génie à la Gaspard Noé dans Enter the Void mais le vrai génie, le pure.
Message d'amour pour Brassens qui est bien mal vu dans notre génération, ce qui (vous l'aurez compris) m'offusque.
Le beau temps est revenu à Strasbourg, ça me rappelle ces nuits d'été à Rouen où on erre dans les rues au beau milieu de la nuit, qu'on rentre chez Mimi à pied dans un plus ou moins bon état mais le sourire jusqu'aux oreilles, on rigole très fort pour faire fuir les fantômes et ils n'ont jamais osé s'attaquer à nous. C'est pas faute de les avoir provoquer. En parlant de fantôme, un revient demain à la charge mais ce n'est pas à moi d'en parler, à personne d'ailleurs. C'était juste pour dire que ce fantôme me fait très peur et je veux juste l'exorciser ici. Personne ne se rappellera de cette date mais elle est planté dans ma mémoire comme une potence mais je n'ai pas peur cette fois parce que demain on va chez Claire en famille, rien de mieux qu'une campagne, des vieux fous et deux chiens pour vous changez les idées. C'est si facile d'être content, d'être heureux que ça reste un mystère pour moi que tant de gens se trainent derrière le train accroché à leurs valises qui sont plutôt de boulets, il suffit juste de les laisser sur les quais, ils la retrouveront bien assez tôt. Pourtant certains prennent encore des bagages même pour une journée, ils auraient trop peur de n'être rien q'ils n'amènent par leurs malheurs avec eux. Ils veulent absolument les montrer aux autres pour être sûr de ne pas être oublier dans un coin, derrière un meuble.Pourtant ils devraient savoir que ça ne marche pas comme ça, et qu'au contraire ils obligent les autres de venir avec tout leurs attirail.
Qu'ils assument leur bonheur et on en reparlera.

Bonne nuit